Ce n’est qu’arrivé au centre de l’allée « Conserves et condiments » que le vieux Matthieu se rendit compte qu’acheter une boîte de petits pois allait s’avérer plus complexe qu’il ne le l’avait imaginé.
N’étant pas très musicien et comme il avait oublié son diapason à la maison – en fait, non, il n’avait jamais eu de diapason – il retourna à l’entrée et demanda à l’hôtesse de procéder à un appel au micro : « Une chanteuse pouvant donner le La était demandé à l’accueil ». Plusieurs jeunes femmes accoururent en espérant faire partie d’un casting surprise pour The Voice. Matthieu n’eut que l’embarras du choix. Il désigna celle qui lui semblait avoir la cage thoracique la plus avenante. Elle lui donna un La puissant. Seulement voilà, comment passer du La au Si bémol ? Il se fit tout petit pour lui demander si, à tout hasard, elle ne pouvait pas lui donner une deuxième note pour le prix d’une. La grosse dame se tâta : « Vous savez comment c’est ! vous tendez un La et l'on vous prend un Si. J’ai le sentiment de me faire abuser. Et d’ailleurs, pourquoi vous avez besoin de cette note-ci en particulier ? » Il le lui dit. Elle se tordit de rire et lui proposa d’acheter tout simplement la marque Boncruel, il n’y en avait pas de meilleur. C’est ce qu’il fit.
Arrivé à la caisse, sa conserve trônant au centre du tapis roulant, la blonde manucurée et talons aiguille numéro trois qui se trouvait juste devant lui, lui fit remarquer qu’il s’était trompé de boîte. Il avait pris celle avec l’étiquette rose, réservée aux filles, alors que manifestement, il était plutôt du genre masculin – même décrépit. D’ailleurs, celle en tout point identique, mais avec l’étiquette bleue pour les garçons coûtait deux fois moins cher.
À sa sortie du magasin, sur le parking envahi par des bicyclettes, puisque l’on était un vendredi et que vendredi, c’était jour du vélo, il rencontra un vieil ami qu’il n’avait pas revu depuis le surlendemain. Ils ne se saluèrent pas puisqu’ils se quitteront en mauvais terme dans deux jours, mais se reconnurent d’un petit signe de tête. L’autre lui fit : « Je vois que tu vas manger des petits pois ce soir ! » Pas du tout, répondit Matthieu. Je devais juste repeindre ma barrière et j’avais besoin d’un pot pour y mettre une peinture de ma confection, une recette maison que je dois d’ailleurs essayer dans deux jours. « Celle que tu vas me servir à la place de la soupe aux pois et qui va m’envoyer à l’hôpital en urgence ? » l’interrompit le vieil ami. « Celle-là même ! » répliqua le cuisinier-peintre. Sur ce, ils se quittèrent amicalement, promettant de se revoir le surlendemain.
Alice de Castellanè
Son truc, c'était les châles. Elle en tricotait ou crochetait des dizaines chaque année. Elle choisissait avec soin des laines artisanales, filées par des mains habiles. De temps à autre, elle s'octroyait quelques fantaisies avec des perles incrustées ou des fils piquetés de « kibrille ». Ses clientes appréciaient.
— Une maille à l'endroit, un jeté, trois mailles à l’endroit, deux maill
La bouche déversait un flot continu de grossièretés qui s'écoulaient sur le sol pour former une mélasse malodorante. Le peintre, genoux à terre, recevait cette boue verbeuse à pleines mains pour la sublimer sur son immense toile.
Tic, tac, la vie file et le temps rétrécit. Dix poursuivants, ballet bourdonnant, la traquent, la frôlent, s'enroulent autour de ses reins. Juste aujourd'hui, une ou deux heures encore ou demain peut-être, si le soleil brille. Maya la jeune vierge, joue l'esquive, s’égaye et s'enfuit pour mieux les exciter. Sa fougue enflamme leurs ardeurs. L'un des chasseurs s'agrippe à son buste et sans
La crotte de pigeon avait éclaboussé le haut du pare-brise et perlait par paquets vert marron striés jaunasse. Bien entendu, il n'y avait plus de détergent dans le réservoir et l'essuie-glace chuintait sur la vitre en étalant la merde partout.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. En savoir plus :