Son univers craquelle, un capharnaüm multicolore s’épand puis s’ébat dans sa tête. Il hurle, se déchire les tympans. Comment a-t-elle pu l’abandonner, seul, dans ce désert peuplé de loups hargneux ? Des dragons venus d'outre-tombe le harcèlent, l'ensorcellent, l'agrippent de toute part. Des nuances de rouge, de gris s’entremêlent devant ses yeux. Les ombres l’embrochent.
Il a dû s'endormir, épuisé d'avoir tant lutté. Il s'étonne, ne la retrouve pas à ses côtés. Puis se souvient : elle est partie. Sans lui. Le bazar tournoie à nouveau dans sa tête. Un hurlement de désespoir se forme dans sa gorge puis s'étouffe, s'arrête. Il vient d'entr'apercevoir un visage dans le brouillard. Une femme. Serait-elle revenue ? Il tente d'ajuster sa vision, crispe le cou, puis se recouche, las. Ce n'est pas elle. Celle-là, c'est Marie, croit-il. La mère suprême, celle que l'on peut implorer en toute circonstance. Il se concentre sur la statuette. Elle est belle. Presque aussi belle que celle qui ne veut plus de lui. Il lui sourit. En retour, Marie l'enveloppe d’un parfum d’extase. Des mains de l’idole s’étirent de longues traînées d’une aveuglante lumière qui se répand dans son âme. Il se sent léger, repu d’amour. Une bienveillance mystique l’enrobe, bouclier universel contre la sauvagerie de ce monde. Entre eux, c'est à la vie, à la mort. Plus rien ne les séparera. Même pas l'autre, si elle décide de réapparaître.
— Dis donc chérie, viens voir, il est réveillé, mais il ne chouine pas pour une fois. Ça a marché ton truc !
— C’est le Dr Mazzo qui recommande cette technique : le laisser pleurer, tout seul, dix ou quinze minutes. Après, il a compris, il ne t’emmerde plus !
Mon ange, mon trésor, mon lapin, on a fait un gros dodo ? Allez, viens dans les bras de maman ! Smac, elle le couvre de bisous, oups ! va falloir que je change ta couche !
Les yeux dans ceux de Marie, il se laisse manipuler, indifférent.
Alice de Castellanè
Les flammes vacillantes des torches ruisselaient dans l'Arno, plongeant entre les embarcations. Le regard de Lorenzo se noya dans ce clair-obscur. Accroupi sur la berge, à l'écart de l'antique ponte Vecchio détruit1 et de la foule pressée de regagner ses pénates, il se balançait, irrésolu.
La terre aride s'étendait au-delà des collines pelées, au nord vers la forêt décimée, au sud vers la mer asséchée. Partout où il se portait, le regard ne rencontrait que désert. Désert d'Hommes, désert de vie.
Pas strictement inhabité cependant. Là-haut, sur l'une de ces collines enflammées par le chaud soleil levant, une jeune femme vêtue de bure, la taille ceinte d'
Le doigt d'Odette venait de se coincer entre le K et le L. Son bref cri de désolation se fondit dans la tourmente des cliquetis. Sa voisine hissa un sourcil compatissant sans tourner la tête, toute à sa missive qu'elle déployait staccato presto.
Ce qui aurait dû être un joli matin de mai n'était que grisaille et froidure. La neige était subitement tombée hier en abondance, non pas aérienne, immaculée, mais souillée, polluée. Elle avait fondu assez rapidement par endroits, comme réchauffée par ses propres radiations. Assise sur le porche de sa petite maison nichée au cœur de la forêt vosgienne, Elisabelle regardait son jardin d'un œil v
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